lundi 8 novembre 2010

Nano, point d'étape

A un peu plus des 50% requis, un nouvel extrait, où mon héroïne, après avoir lu de vieux documents, goûte à un repas bien mérité. Et si elle trouve l'endroit bruyant et aspire au calme, elle se rendra bientôt compte qu'elle n'y était pas si mal, dans cette auberge...

Dès la porte de sa chambre passée, elle sentit les effluves qui montaient de la salle commune, bière, sueur, et ragoût mêlés, une odeur qu'elle associerait sans doute pendant des années à ces dîners pris en solitaire dans une salle pleine de monde. Après l'odeur, plutôt réconfortante dans son genre, c'est le bruit qu'elle reçut en pleine face, la raison pour laquelle elle avait tenté au début de prendre ses repas dans sa chambre. Les conversations à pleine voix, les cris d'un bout à l'autre de la salle, les rires bruyants voire gras, tout cela était très difficile à supporter pour ses oreilles raffinées. Mais le pire, sans doute, c'était la manière dont les conversations s'arrêtaient brusquement quand elle rentrait dans la pièce, avant de reprendre progressivement pour atteindre leur niveau assourdissant d'origine en quelques minutes. Cet instant, où tous les regards se tournaient vers elle, la jaugeaient de haut en bas, avant de se détourner comme si cet examen avait trouvé quelque défaut caché, cela la mettait à chaque fois terriblement mal à l'aise. Comme tous les soirs, elle carra les épaules et alla rejoindre la table et la chaise que lui avait réservées la femme du tavernier, évitant soigneusement de regarder autour d'elle.

La table de Vanéa était située près de la cheminée, là où la température était la plus agréable. Elle était à peine assise que la femme du tavernier, Mari, arriva les bras chargés d'un plateau, un grand sourire sur le visage. Souvent, ces braves femmes la prenaient sous leur aile, semblant penser qu'elle était une petite chose fragile ayant grand besoin de nourriture en quantités ahurissantes. Mari n'avait pas fait exception et, à en juger par le fumet qui s'échappait de l'assiette qu'elle posa devant Vanéa, elle s'était surpassée. Tout en jacassant avec entrain, comme à son habitude, elle disposa devant la jeune femme l'assiette de ragoût – probablement du mouton, car c'était la production principale de la région – une autre assiette de fromage, deux énormes tranches de pain et une cruche de cette bière légère qui passait pour de l'eau dans ce village.

- Et quand vous aurez fini, ajouta-t-elle avec un grand sourire, je vous ramènerai le dessert. Ce sont des pommes au four, vous m'en direz des nouvelles

Et elle resta les mains plantées sur les hanches, attendant que Vanéa prenne sa première bouchée et exprime son approbation du ragoût – effectivement délicieux. Alors, Mari hocha la tête, comme si toute autre réaction eut été inimaginable, et repartit houspiller la jeune femme qui l'aidait en cuisine et servait en salle. Vanéa sourit ; si elle mangeait tout ce qu'on essayait de lui faire ingurgiter, ici ou ailleurs, elle finirait grasse comme une oie.

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