mardi 23 mars 2010

Professionnels de l’évènementiel

Même si nous habitons en banlieue parisienne, loin, très loin de la civilisation telle que définie par beaucoup de parisiens pur jus (mais avec un appartement qui fait trois fois la taille du leur pour le même prix), cela ne nous empêche pas de profiter de ce que la ville lumière peut offrir en termes de spectacles et de soirées théâtre.

En l’occurrence, Jarjar, bien au fait de mes goûts peut-être étranges, m’a emmenée hier soir voir un homme que j’adore faire son show sur la scène du Théâtre de l’Atelier. Voilà, c'est dit, j'adore Fabrice Luchini. J'aime sa verve, son cabotinage, son côté poussez-vous que je m'y mette, qu'il en fasse toujours des tonnes et qu'il se délecte de la langue française comme d'autres d'un bon vin, j'aime qu'il ait joué Beaumarchais l'insolent dans le film du même nom (que je vous recommande chaudement si vous ne l'avez vu) et qu'il soit capable de tenir une salle sans micro, sans accessoire, sans rien d'autre qu'une liste de textes et son talent. Nous avions été voir le Point sur Robert, sa dernière lecture, et nous étions tombés sur un bon jour, un jour où, en pleine forme, il nous avait tenu trois heures sans discontinuer. Un régal. Depuis, il faut absolument que je voie Perceval le Gallois, juste pour le principe.

Hier il lisait du Philippe Muray. Je dois reconnaître mon ignorance en la matière - je crois bien que je n'avais même jamais entendu le nom avant hier. Mais ce qui fait la force d'une lecture par Fabrice Luchini, c'est avant tout le choix des textes, et la force avec laquelle il les lit. Contrairement à ce que l'on pourrait attendre du personnage, il sait s'effacer devant l'auteur qu'il veut mettre à l'honneur et ne fait que très peu de commentaires en marge du texte lui-même. Il faut dire que les textes de Muray ne nécessitent pas qu'on en rajoute ; et sa vision des politiques en tant que "professionnels de l'évènementiel" (je trouve cette expression sublime), son questionnement sur l'innovation et sur la possibilité d'appréhender un réel "encore inconnu", son envolée presque lyrique sur "le sourire de Ségolène" (que je ne regarderai plus jamais de la même façon), ses affirmations sur la pensée magistrale "qui ne se débat pas, mais s'assène", tout cela se suffit largement à lui-même.

On adhère ou on n'adhère pas - ce n'est pas la question, et comme dit Luchini, à la rigueur on s'en fout. Néanmoins, à travers cette lecture, on est mis en face de certaines contradictions de notre société, certaines absurdités dont on ne peut finalement que rire. Le talent de Fabrice Luchini, c'est de lire ces textes, de les vivre, de nous les faire vivre. C'est de savoir les alterner avec d'autres plus légers (ou plus déprimants comme il le dit lui-même). C'est de pouvoir, de nulle part, tirer une anecdote qui, sans briser le charme, offre un répit bienvenu. C'est de nous sortir des horreurs et de se faire applaudir pour sa peine.

Deux heures plus tard, quand il s'en va, on se dit "déjà ?". Il avait l'air étonné que sa lecture ait autant de succès - des dates supplémentaires ont dû être mises en place, le théâtre n'est pas assez grand pour faire face à tous ceux qui voulaient venir le voir.

Je ne suis pas étonnée.

mercredi 17 mars 2010

Cooking spree

Ce week-end, je ne sais pas trop ce qui nous a pris, mais on s'est mis à cuisiner. Beaucoup. Des trucs rigolos. Le tout avec une certaine jubilation, il faut bien le reconnaître, même si on s'est pas mal compliqué l'existence.

On a commencé soft, avec une bonne vieille pizza maison, la pâte faite par nos soins, mais décongelée d'une session précédente, le genre de pizza où on voit qu'on est deux, et que, des fois, on n'a pas les mêmes envies :

Quelqu'un aime la charcuterie dans cette maisonnée...

Voilà, donc le côté avec les courgettes et les champignons c'est le mien (je sens que je vais me faire lyncher à dénoncer comme ça).

Sinon, pendant que la pizza cuisait, je me suis lancée dans une mission, le genre de mission qui demande une nuit de repos, et qui pendant les genres 12 premières heures vous fait vous demander si vous n'avez pas perdu votre temps. Et si ça vaut le coup de se lancer dans un truc que les boulangers font très bien pour pas cher (et réussissent à tous les coups ,eux). Faut dire qu'au début, et même le lendemain, ça ressemble à ça :

Mais ça gonfle pas normalement ??? Avec la quantité de levure qu'il y a dedans ??!!

Forcément peu convaincant. Mais bon, on est déjà arrivé jusque là, alors on s'entête. Et en fait, on a raison :

BRIOCHE !!! BEURRE !! CHAUD ! GRAS !
ENCORE !

Ce qu'il y a c'est qu'après on a des idées de grandeur. Du coup on se lance là-dedans le même jour, à la barbare :

J'aime le rose. J'en porte, j'en mange, et depuis ce midi, j'ai du colorant alimentaire framboise. Le monde m'appartient.

Oui, vous voyez où je veux en venir. Heureusement, ça ne s'est pas trop mal passé pour la première fournée - je ne montrerai pas la deuxième, la deuxième est ratée, moche, affreuse. Je vous montrerai la première, à la place :

Joie et bonheur ! (et doigts boudinés)

Tout ça en fait pour, dimanche, se faire un petit déjeuner de champions (à toute fins utiles, et rapport à ci-dessus, il est question de faire attention à notre ligne). Tout est maison, y compris le cannelé dont Jarjar est l'unique auteur et que c'était de la balle :


(Ah ben si la voilà la fournée moche de macarons chocolat, finalement).


Mais ça compte pas le petit déjeuner, si ?...

vendredi 12 mars 2010

Vampires, le retour

J’avais lu Rouge Flamenco, de Jeanne Faivre d'Arcier il y a déjà plusieurs années (beaucoup trop pour que je puisse m'en souvenir sans prendre un coup de vieux). Néanmoins, je n’ai appris qu’assez récemment l’existence d’une "suite" ou en tout cas d’un autre tome de la Trilogie en rouge (trilogie en deux tomes...). J’ai donc commandé sur un site marchand bien connu La Déesse Ecarlate.

Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Le résumé parlait de Mâra, personnage secondaire du premier tome, mais en des termes qui ne correspondaient pas vraiment à ce que l'on savait sur elle. On avait laissé un vampire assez faible finalement, une créature sensuelle mais vulnérable, qui s'était laissée pendant cinquante ans humilier et séquestrer par un autre immortel. On retrouve une déesse hindoue, première de sa race, hantée par le souvenir d'un amant perdu dont elle espère retrouver l'incarnation actuelle, tour à tour aidée et moquée par le panthéon des dieux indiens, Yama, Shiva, et autres Kali.

Si j'ai replongé avec délices dans l'écriture riche de Jeanne Faivre d'Arcier, ses descriptions surchargées et jubilatoires, ses personnages extrêmes et sans concessions, leur sensualité débridée, j'ai eu du mal à faire le lien entre les deux oeuvres. A la limite, j'aurais préféré pouvoir imaginer qu'il ne s'agissait pas de la même Mâra, mais les quelques références à Carmilla et à Dragon ne m'en ont pas laissé le loisir. De même, j'ai eu du mal à réconcilier l'Ancêtre et la Formule de Mort de Rouge Flamenco avec les péripéties de La Déesse Ecarlate (bon, à vrai dire, je n'y suis tout simplement pas arrivée).

Mais à part ce petit souci de cohérence, ou en tout cas ce que j'ai perçu comme tel, le livre est tout à fait plaisant. L'auteur a une manière d'empiler les adjectifs et les descriptions sensorielles de telle sorte qu'on se sent tout du long happé dans cette moiteur indienne. Si l'on peut, au début, secouer la tête en se disant "rhhooo, elle exagère" devant le foisonnement des paragraphes descriptifs, au final, c'est cette surcharge qui fait rentrer dans le livre et fait défiler les pages à toute vitesse. Et l'humour présent dans le traitement du panthéon indien et des relations des dieux entre eux est assez irrésistible.

Je ne regrette pas cette lecture - sauf peut-être qu'il m'ait fallu si longtemps pour la faire. Maintenant, je me demande de qui pourrait parler l'auteur si elle complétait sa trilogie. Enfin, j'ai bien une vague idée, mais le saura-t-on un jour ?...

jeudi 11 mars 2010

Deux histoires

Ce sont deux blogs que nous suivons tous les deux avec assiduité. Cette semaine, sur les deux, des histoires qui m’ont mis les larmes aux yeux, pour des raisons différentes.

Chez Maître Mô, c'est cette histoire ordinaire d’un homme dont la vie s’est lentement délitée sans que ni lui ni son entourage ne sache bien pourquoi. C’est ce qui se passe dans la vraie vie, et pas dans les films.

Chez Maître Eolas, c’est un document administratif, une « simple » circulaire de police – celle qui concerne la rafle du Vél d’Hiv, glaçante par sa banalité.

Pas grand-chose à ajouter.

vendredi 5 mars 2010

Fin d’hiver, mon amour

En ce moment, le grand sujet de conversation partout, c’est le froid, le temps, l’hiver qui n’en finit pas-ma-bonne-dame-et-leurs-histoires-de-réchauffement-climatique-ça-me-fait-bien-rire. Comme tout le monde, j’ai bien à un moment ou à un autre participé à ce débat passionnant, mais au final, je dois dire que ça ne me choque pas tellement qu’on se pèle en hiver. Ce qui me gêne c’est plutôt que je suis malade, complètement malade*.

J’ai un système immunitaire assez pourri apparemment ; dès que ça passe dans le coin, que ce soit une gastro, une angine, un rhume, c’est pour moi. Je ne choppe pas les trucs violents (genre grippe) qui vous forcent à rester à la maison, non, mais toutes ces petites merdes qui vous mettent en vrac sans vous empêcher d’aller travailler. C’est tellement plus drôle. Même mes gastros se sont donné le mot : elles me pourrissent mes nuits mais se mettent en sourdine le jour. Pas de fièvre, rien qui justifie le fait de rester couchée. Et comme j’ai une conscience professionnelle qui confine parfois à la bêtise, ça donne un raisonnement assez simple : si je peux marcher, je peux travailler.

Les réunions entrecoupées de quintes de toux, c’est déjà quelque chose. Les gens qui viennent vous serrer la main et qui reculent devant votre mine enchifrenée, c’est drôle cinq minutes. Ceux qui viennent vous demander un truc et qui vous parlent un peu comme à une débile, comme si être malade tuait les neurones, je préfère en rire. Mais je crois qu’aujourd’hui, le grand moment (pardonnez-moi, j'ai du coton entre les oreilles, il m'en faut peu), c’est que le médecin du travail, que je voyais pour la visite annuelle, était dans le même état que moi. Extrait :

- Alors (quinte de toux), vous faîtes combien d’heures d’activité physique par semaine ?
- (mouchage version trompette) Cinq ou six.
- Ah c’est bien (renifle). Quoi comme sport ?
- De la plongée – enfin, pas cette semaide à cause de bon dez bouché…

Un dialogue, il faut bien le dire, de toute élégance, entre deux femmes racées et distinguées. Au moins tout ça.

Ci-dessous, c'est le virus de la gastro, celui qui a couru la France ces dernières semaines. Je suis sûre que certains d'entre vous le connaissent. Intimement. C'est qu'il n'est pas avare de ses faveurs...


* Oui, je sais, elle était un peu facile. Mais, ne vous inquiétez pas, je suis déjà bien punie, maintenant je l’ai dans la tête pour la journée, et même si je l’aime beaucoup, ça risque d’être un poil pénible sur la fin.