lundi 11 mars 2013

Stardust / Neil Gaiman

Voilà un roman que j'avais envie de lire depuis quelques temps déjà. Au départ, c'est une citation dans la signature d'une camarade sur un forum (était-ce toi Oph ?), qui parlait de coeur et du fait que les hommes les perdaient, les brisaient, les abîmaient. Elle était restée dans un coin de ma tête, sans vraiment s'imprimer consciemment, comme le font parfois des petites phrases ou des bribes d'information. 
 
Et puis ce site de vente en ligne où je commande pratiquement tous mes livres en anglais a trouvé bon de me le glisser, dans les conseils de lecture basés sur mon historique d'achat - de bons conseils souvent. Paf, collision entre ce que j'avais dans la tête et ce qu'il y avait sur l'écran, et la suite était inévitable : j'ai placé Stardust dans mon panier et attendu impatiemment de le recevoir.
 
J'aime Neil Gaiman pour ses univers étranges et décalés, mais si solides que c'est le monde réel qui apparaît comme un rêve un peu lointain. Stardust ne fait pas exception, et le petit village de Wall, où démarre l'intrigue, est déjà un peu à cheval entre deux mondes. A côté du village s'ouvre un trou dans le Mur, qui donne sur une clairière où personne ne se rend jamais, sauf tous les neuf ans, à l'occasion d'un marché magique où se mêlent les Fées et les humains.
 
Tristran Thorn a été conçu lors d'un de ces marchés, produit d'un amour éphémère entre les deux mondes. A dix-huit ans, pour obtenir les faveurs de la belle Victoria Forrester, il fait le voeu de lui ramener une étoile filante tombée au-delà du mur.
Commence alors pour le jeune homme une aventure inattendue dans le monde des Fées qui s'étend de l'autre côté, au cours de laquelle il fera de nombreuses rencontres et affrontera de puissants ennemis...
 
On est tout à fait dans le roman de "coming of age" avec le jeune adolescent un peu gauche qui se transforme au fil du livre en véritable héro, une histoire d'amour, la recherche des origines... Mais ce qui pourrait paraître un peu banal sous la plume de n'importe quel auteur prend sous celle de Neil Gaiman une tout autre dimension. J'aime beaucoup les mondes qu'il construit, et j'ai toujours plaisir à y passer du temps. On a envie, d'ailleurs, que les épopées ne se finissent pas, et de continuer à découvrir chaque recoin de ses univers, dont on sent qu'ils recèlent encore des merveilles, à peine suggérées mais bien présentes.  
 
Et maintenant, je me verrais bien le film... Même si j'ai toujours peur, quand je regarde un film tiré d'un bouquin, d'être déçue du résultat, mes dernières expériences (Going Postal, par exemple) m'ont encouragée à prendre des risques !

vendredi 8 mars 2013

Non, ce n'est pas "ma fête"

Alors voilà : le 8 mars, aujourd'hui, comme tous les ans, c'est la Journée Internationale de la Femme.

Et aujourd'hui, il va se trouver des crétins pour me souhaiter une "bonne fête" en pensant bien faire, et des marques pour faire des offres débiles à base de produits de beauté et de fleu-fleurs, ou encore des clubs de foot pour faire des offres pour lesquelles je ne m'abaisserai même pas à chercher un adjectif adéquat.
Aujourd'hui, certaines vont avoir droit à des gros lourds qui diront des trucs du genre "uh uh uh laisse je vais le faire, c'est la journée de la femme, mais demain on revient à la normale" en se trouvant d'une drôlerie irrésistible.
Aujourd'hui, je vais encore passer pour une extrémiste quand je vais expliquer au bureau ce que veut réellement dire cette journée, et que NON, bordel, ce n'est pas la "fête des femmes".

Parce que la Journée de la Femme, ce n'est pas la Fête des Mères, ce n'est pas une journée où on est sympa avec les femelles de son entourage. C'est une journée pour réfléchir et pour parler de la condition féminine dans le monde, dans tout ce qu'elle peut avoir d'horrible.
C'est une journée pour se rappeler que dans un pays comme la France, que l'on pense moderne et égalitaire, les femmes n'ont eu le droit de vote qu'en 1944 (soit un siècle après le droit de vote "universel" pour les hommes en 1848), ont dû demander l'autorisation de leur mari pour travailler jusqu'en 1965 et gagnent toujours en moyenne 20% de moins que les hommes. Le viol entre époux, quant à lui, n'est reconnu que depuis 1990. A l'Assemblée Nationale, sur 573 députés, seuls 150 sont des femmes, et l'un des deux grands partis de notre pays préfère payer des amendes considérables plutôt que de présenter autant de femmes que d'hommes aux législatives.
C'est une journée pour se rappeler que dans d'autres pays, elles sont moins chanceuses, et sont toujours considérées comme mineures à vie, passant de chez leur père à chez leur mari sans jamais contrôler leur vie, qu'elles sont excisées (100 à 140 millions de femmes victimes de mutilations génitales dans le monde, 3 millions de plus chaque année selon l'OMS), violées, battues, aspergées d'acide, lapidées ou tuées froidement.

Alors, tant que ce genre de choses se produit, j'ai du mal à ce que l'on me souhaite une "bonne fête" le 8 mars, je ne vous le cache pas. J'ai du mal avec la réduction de ces combats et de ces inégalités à un bouquet de fleurs et une boîte de chocolats. J'ai franchement du mal avec les marques qui font leur beurre en communiquant sur une vision de la Journée de la Femme complètement vidée de son sens. Et j'ai du mal avec les bonnes blagues du genre "ah mais pourquoi y a pas la Journée de l'Homme alors, c'est pas égalitaire votre truc" ou "laisse, c'est la journée de la Femme, tu feras la vaisselle demain".

Que ceux qui trouvent tout cela très spirituel pensent que je n'ai pas d'humour, je m'en remettrai. Que ceux qui pensent que "l'égalité en France, vous l'avez, faut arrêter de revendiquer pour rien" considèrent que je suis une hystérique, je m'en remettrai.

Mais si vous me souhaitez une "bonne fête", et que je vous rentre dedans, il ne faudra pas s'étonner...