mercredi 7 juillet 2010

Critiquer, des fois, c'est pas trop possible

Or donc, j’ai terminé Under Heaven cette semaine. Par rapport à d’autres romans, il se peut que je l’aie volontairement fait un peu traîner, car les romans de Guy Gavriel Kay sont comme des pierres précieuses, aussi rares et aussi beaux, taillés à la perfection. On n’a pas envie de les lâcher, pas vraiment, même si on a envie de savoir la suite. Leur rythme un peu lent, souvent, permet justement de faire durer le plaisir, de reposer le livre de temps à autres, et d’une certaine manière c’est presque plus agréable que les romans que l’on dévore en une nuit sans les reposer, en ayant au matin une sensation d’inachevé, de « et donc ? ».

Under Heaven commence près d’un lac dans les montagnes, lieu de nombreuses batailles, où un dénommé Shen Tai a passé près de deux ans à enterrer les morts. Il le fait pour honorer le deuil de son propre père, général qui s’est battu dans la dernière guerre à cet endroit, et dont il se rappelle la tristesse. Mais ses actions impressionnent une princesse exilée, qui va lui faire un présent démesuré, de ces présents que fait la royauté sans penser aux conséquences sur la vie d’un homme simple – ou sans s’en soucier. Dans ce monde basé sur la Chine Impériale de la dynastie Tang, il ne fait pas bon s’écarter de son statut ou posséder soudain une richesse que l’Empereur lui-même peut convoiter, et Shen Tai sait que s’il ne joue pas le jeu des puissants, il ne survivra pas assez longtemps pour revoir ceux qui lui sont chers.

Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue ; une grande partie du plaisir de ce roman vient de la découverte. L’autre partie vient de la narration, poétique, impeccable, ciselée presque, et des personnages attachants. Chez Guy Gavriel Kay, point d’amour triomphant de tous les obstacles, point de personnage unidimensionnel, point d’intrigue ultra-convenue. On voudrait bien d’ailleurs, parfois, qu’il se laisse aller à ces travers, car on a de grands moments de « c’est trop injuste » en lisant ses romans (surtout quand on a une âme de midinette comme moi). C’est trop injuste, mais c’est souvent comme ça que ça se serait passé dans la vraie vie – voire dans la réalité historique, car certains de ses romans, et c’est le cas de Under Heaven, sont un miroir des évènements de notre monde, un miroir légèrement déformant, utilisant le prisme du fantastique pour réinterpréter l’Histoire.

En tout cas, un grand moment de lecture, comme toujours avec lui, et maintenant, je n’ai qu’une hâte : le prochain !

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