Maintenant, je vais pouvoir attaquer ma pauvre pile à lire, honteusement négligée pendant le mois de novembre, et qui du coup a pris des proportions un peu effrayantes dans l'intervalle :
Allez, à dans dix jours !
La fin du nano approche donc, il ne me reste plus que 3 jours en incluant aujourd'hui avant de m'envoler vers des lattitudes plus clémentes. Depuis déjà hier, c'est la roue libre totale tandis que je me précipite vers la fin du roman en espérant pouvoir boucler dans les temps... ça devrait aller, mais de peu. En attendant, les 80K sont tombés, et je n'en reviens toujours pas vraiment.
Le signal était clair, il fallait qu’il continue à lire le troisième extrait, qui lui avait été, selon l’auteur de l’ouvrage où il se trouvait, tiré d’un ancien ensemble de prophéties écrites par un dément lors de ses accès de folie. Voilà qui était charmant, mais expliquait le style un peu particulier du texte :
"Dans les années dans les siècles dans les millénaires. Les protecteurs les protectrices seront décimés les hommes en noir les détruiront. L’Adversaire il revient l’Adversaire elle sera seule il tentera de la détruire elle sera seule mais pas seule non, elle devra le combattre. On ne la croira pas elle sera l’ennemie mais pas l’ennemie non non non pas d’ennemie car l’Adversaire oui l’Adversaire seul est l’ennemi. Il revient prenez garde il revient elle est là il revient et elle est là. Dans les années dans les siècles dans les millénaires. Il revient."
Morad se gratta la tête, et lança un coup d’œil interrogateur à Vanéa, qui secoua la tête et sourit.
- La ponctuation, ou le manque d’icelle, est d’origine.
- Ah oui, quand même, répondit Morad.
Un fermier français a été condamné à un mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende pour avoir donné du cannabis à ses canards.Après les contrôles anti-dopages positifs des cyclistes pour cause de stéroïdes donnés aux vaches, les personnes contrôlées positifs au canabis pourront se défendre en disant qu'elles ont mangé du canard. Après donc le space foie gras pour Noël, nous attendons les nouvelles innovations gastronomiques pour les prochaines fêtes : la dinde du Réveillon aux morilles et champignons hallucinogènes, l'agneau pascal aux amphétamines et pour les barbecues de l'été, des côtelettes de porc à l'herbe.
- Ça me fait penser, demanda la jeune femme en hésitant. J’ai une question à te poser… mais je ne voudrais pas que tu le prennes mal.
- Vas-y, il y a peu de chances.
- La veille de notre arrivée à Samdal, on s’est arrêtés dans un village, tu te souviens ?
- Oui, très bien.
- Bon, j’ai fait un cauchemar cette nuit-là, et je me suis réveillée au milieu de la nuit. Je me suis mise à la fenêtre pour prendre un peu l’air, et je t’ai vu dans la cour.
- Oh ? je ne me suis pas rendu compte que tu étais là. Tu n’as pas fait de bruit
- Non, je l’ai fait exprès, je voulais, euh, voir où tu allais, et je me demandais...
Elle ne savait pas comment continuer, et elle le regarda d’un air un peu suppliant, priant pour qu’il comprenne la question non posée. Il lui rendit son regard, d’abord d’un air d’incompréhension totale, et puis la lumière se fit jour sur son visage et il éclata de rire, en la prenant par la taille pour la serrer contre lui.
- Tu as pensé que j’allais voir une femme ! S’esclaffa-t-il. Voilà qui explique ton attitude du lendemain. Je te plaisais déjà un peu alors ? Mais c’est que tu es jalouse !
- Oui, bon, ça va, bougonna-t-elle, comment je suis supposée savoir ce que tu vas faire au milieu de la nuit, moi ? Et tu allais faire quoi d’abord ?
- Voir un informateur. Un vieux monsieur, plusieurs fois grand-père, pas du tout mon genre.
Dès la porte de sa chambre passée, elle sentit les effluves qui montaient de la salle commune, bière, sueur, et ragoût mêlés, une odeur qu'elle associerait sans doute pendant des années à ces dîners pris en solitaire dans une salle pleine de monde. Après l'odeur, plutôt réconfortante dans son genre, c'est le bruit qu'elle reçut en pleine face, la raison pour laquelle elle avait tenté au début de prendre ses repas dans sa chambre. Les conversations à pleine voix, les cris d'un bout à l'autre de la salle, les rires bruyants voire gras, tout cela était très difficile à supporter pour ses oreilles raffinées. Mais le pire, sans doute, c'était la manière dont les conversations s'arrêtaient brusquement quand elle rentrait dans la pièce, avant de reprendre progressivement pour atteindre leur niveau assourdissant d'origine en quelques minutes. Cet instant, où tous les regards se tournaient vers elle, la jaugeaient de haut en bas, avant de se détourner comme si cet examen avait trouvé quelque défaut caché, cela la mettait à chaque fois terriblement mal à l'aise. Comme tous les soirs, elle carra les épaules et alla rejoindre la table et la chaise que lui avait réservées la femme du tavernier, évitant soigneusement de regarder autour d'elle.
La table de Vanéa était située près de la cheminée, là où la température était la plus agréable. Elle était à peine assise que la femme du tavernier, Mari, arriva les bras chargés d'un plateau, un grand sourire sur le visage. Souvent, ces braves femmes la prenaient sous leur aile, semblant penser qu'elle était une petite chose fragile ayant grand besoin de nourriture en quantités ahurissantes. Mari n'avait pas fait exception et, à en juger par le fumet qui s'échappait de l'assiette qu'elle posa devant Vanéa, elle s'était surpassée. Tout en jacassant avec entrain, comme à son habitude, elle disposa devant la jeune femme l'assiette de ragoût – probablement du mouton, car c'était la production principale de la région – une autre assiette de fromage, deux énormes tranches de pain et une cruche de cette bière légère qui passait pour de l'eau dans ce village.
- Et quand vous aurez fini, ajouta-t-elle avec un grand sourire, je vous ramènerai le dessert. Ce sont des pommes au four, vous m'en direz des nouvelles
Et elle resta les mains plantées sur les hanches, attendant que Vanéa prenne sa première bouchée et exprime son approbation du ragoût – effectivement délicieux. Alors, Mari hocha la tête, comme si toute autre réaction eut été inimaginable, et repartit houspiller la jeune femme qui l'aidait en cuisine et servait en salle. Vanéa sourit ; si elle mangeait tout ce qu'on essayait de lui faire ingurgiter, ici ou ailleurs, elle finirait grasse comme une oie.