vendredi 30 avril 2010

Où l’on se rassure (un peu)

Je viens de finir Elantris, le tout premier roman de Brandon Sanderson. Ce brave homme, également auteur de Mistborn, est en fait – et je n’avais pas fait le rapprochement sur le moment – celui à qui a été confiée la lourde tâche de finir la Roue du Temps, l’œuvre inachevée de Robert Jordan, disparu trop tôt. Pour ceux à qui cela ne dit rien, Robert Jordan est décédé des suites d’une maladie cardiaque en 2007. Avant de mourir, il avait laissé des notes complètes pour que « si le pire venait à arriver », son œuvre soit quand même terminée de la manière dont il le souhaitait. C’est sa veuve qui, par la suite, a choisi Brandon Sanderson pour utiliser ces notes et boucler le travail de Robert Jordan.

Personnellement, je n’étais pas très fan du concept. J’ai beaucoup aimé les tomes de la Roue du Temps écrits par Jordan, et j’avoue que voir l’histoire terminée par quelqu’un d’autre, même en suivant un plan préétabli par l'auteur, ne me tentait guère. Mais entre temps, j’ai lu deux romans de Brandon Sanderson, et il faut bien admettre qu’il est loin d’être inapte à la tâche. Alors, peut-être, finalement, que ça vaudrait le coup de lire les derniers tomes de la Roue du Temps, en faisant confiance à la veuve de Jordan pour s’assurer de la fidélité à l’œuvre de son mari.

Elantris, donc. Un sacré premier roman. Déjà, c’est un roman fantasy en un seul tome – un gros tome, certes, mais un seul néanmoins. C’est assez rare pour être souligné : on a un peu l’impression ces derniers temps que la trilogie est le format minimal en fantasy ou en SF, et du coup certains font traîner sur trois, quatre, ou même cinq tomes, ce qui aurait pu (aurait dû ?) être bouclé en un seul (oui, je vise des gens).

Ce roman raconte donc l’histoire croisée de trois personnages, à travers leurs trois points de vue, autour de la cité mythique d’Elantris, qui a subi dix ans auparavant une transformation radicale et inexpliquée. Le Shaod, cette bénédiction aléatoire qui faisait d’humains normaux des Elantrians lunmineux et détenteurs d’une magie puissante, presque divine, est devenu un fléau qui transforme ceux qu’il atteint en cadavres vivants. Désormais, ceux qui étaient conduits avec révérence pour vivre dans la cité de lumière, sont jetés dans ses murs qui tombent en ruine pour y pourrir. Incapable de mourir, incapable de guérir même la plus petite blessure, ils sont condamnés à une éternité de douleur.

C’est le destin qui attend Raoden, le prince d’Arelon, qui se réveille un matin maudit par le Shaod. Enfermé dans Elantris, on couvre la honte de sa malédiction en le prétendant mort. Quand sa fiancée qu’il n’a jamais rencontrée, Sarene, arrive de Teod pour le mariage, elle se retrouve veuve avant même d’être épouse, fille par alliance d’un roi qui méprise les femmes. En même temps qu’elle, le gyorn Hrathen, grand prêtre de la foi Derethi, arrive en Arelon dans l’optique de convertir le pays par tous les moyens – et s’il n’y parvient pas, Arelon sera détruit par les Derethi. Ces trois personnages vont façonner le destin d’Arelon et surtout celui d’Elantris, tenant dans leurs mains le pouvoir de restaurer sa splendeur, ou de la détruire à jamais.

Et franchement, ça se lit très bien. Une des choses que j’apprécie énormément avec Sanderson, et que j’avais déjà remarquée dans Mistborn, c’est son côté direct dans l’écriture. Il ne tourne pas autour du pot pendant trois heures (d’où peut-être, un seul tome), ne s’étend pas sur les états d’âme des personnages pendant des heures, n’a absolument aucun scrupule dans le sacrifice de personnages importants (qui meurent vite et sans grande déclaration primordiale pour la suite), et parvient à surprendre, à introduire des éléments inattendus dans son dénouement, sans pour autant tomber dans le deus ex machina. On est plutôt dans l’écrivain d’action, et de temps en temps ça ne fait pas de mal !

jeudi 29 avril 2010

20 mètres

Que signifie pour vous "20 mètres" ? Avant, pour moi, cela représentait généralement une demi-longueur de surface de réparation d'un terrain de foot ou la distance de la ligne de but jusqu'à l'arc de cercle de ladite surface. Cela peut aussi représenter une vingtaine de mes pas ou une trentaine de ceux de Shani. C'est aussi un peu moins de six twingos 1 à la queue leu leu. Cette distance est finalement très courante dans notre vie de tous les jours, c'est la hauteur d'un bâtiment de 8 étages, et c'est légèrement plus court qu'un wagon de tgv. C'est une distance qui se parcourt plus ou moins vite, Usain Bolt en 2009 parcourut les premiers en 2"89 et les derniers en 1"66, un escargot quant à lui mettrait 5 heures pour parcourir la même distance.

Mais maintenant, pour Shani et moi, cela représente la profondeur que nous avons atteint lors de notre plongée en fosse après avoir obtenu notre niveau 1. C'était une belle expérience qui en appelle bien d'autres. En tout cas, merci aux moniteurs du scaf pour cette année de formation et cette première visite tout en bas. A plouf !

dimanche 25 avril 2010

Y a quelque chose de louche...

J'avais des doutes.
Certains indices m'avaient mis la puce à l'oreille.
Mais je me disais que ce n'étaient que des coïncidences, rien de plus.

Et puis, il y a eu ça, ramené de chez les parents de Jarjar :


Et là, le doute n'était plus permis.


Non, vraiment, je crois que c'est ce qui m'a finalement convaincue.


Outre ma première réaction, du genre ravie et béate, qui me fait penser que je ne vaux guère mieux.


Je vais épouser un geek.

jeudi 22 avril 2010

Ce n'est plus Pâques, mais tant pis


J'en parlais hier ; bien qu'avec un certain retard, voici un petit quelque chose qui m'a fait beaucoup rire. C'est en fait un petit coloriage que le boulanger a donné à la nièce de Jarjar. Bien sûr, un enfant de cinq ans n'a pas nécessairement la même réaction qu'un adulte, disons, entre 25 et 30 ans, devant ce genre de référence...

mercredi 21 avril 2010

En retard, en retard...

... rien à voir avec Alice, mais c'est vrai qu'en ce moment j'ai un peu l'impression d'être le lapin blanc, et à peu près aussi en avance que lui dans la montagne de choses à faire. Un mariage et un déménagement, la quantité invraisemblable de paperasse générée par ces évènements, oh bon sang et les déclarations d'impôts qui arrivent, et une période un peu chargée au bureau pour couronner le tout - et alors même que j'écris ceci, un genre de mammouth professionnel vient de nous tomber sur le coin de la figure.

C'est d'autant plus frustrant que j'ai des choses à publier, une petite merveille de Pâques qui moisit dans un coin en attendant que je lui accorde les honneurs qui lui sont dus, des bouquins lus qui s'empilent et prennent la poussière en me regardant d'un œil suppliant, et une idée de texte sur les câbles du Golden Gate Bridge qui servent de ficelles à certains scénaristes en mal d'inspiration.

Je ne parle même pas des petites choses qu’il faut que j’écrive et / ou retravaille pour divers appels à texte pour lesquels, fort heureusement, je commence à paniquer suffisamment tôt pour que, normalement, je parvienne à envoyer ma participation dans les temps.

Au final, j’ai cédé aux sirènes du bon vieux petit cahier à trimbaler dans le sac à main (déjà bien blindé), que mes collègues me vantaient depuis des semaines et auquel, naïve, je pensais pouvoir substituer un tableau Excel – déformation professionnelle de contrôleuse de gestion. Avec un peu de chance, mes deux heures de trajet quotidiennes pourront désormais être utilisées de manière rentable (ce qui va vite me saouler car ce sont normalement mes deux heures de lecture à moi…) au moins jusqu’à ce que les choses se tassent !

mercredi 7 avril 2010

Les bibliothèques des autres

Avec un de mes petits camarades, nous aimons à échanger des livres et à nous faire découvrir mutuellement nos bibliothèques. Cela limite (un peu) les achats que nous tendons l'un comme l'autre à faire sans modération, et cela nous permet surtout de se rassurer sur une série nous faisant de l'oeil avant d'en acquérir 18 tomes (la fantasy, pour ça, c'est assez fatal). Pour rendre à César ce qui lui appartient, j'ai plus découvert de sa bibliothèque que lui de la mienne, et c'est justement d'une de ces découvertes, faite il y a quelques années déjà, que je voulais vous parler aujourd'hui.

Anne Bishop a trois séries à son actif, mais la principale et la plus réussie à mon sens (et à celui de pas mal de fans) est celle des "Realms of the Blood" (le premier tome, Daughter of the Blood, sera semble-t-il traduit en français un jour prochain, plus d'infos quand j'en aurai). Et comme le dernier tome en date, Shalador's Lady, est sorti récemment, que je suis en plein dedans, et que je ne parviens qu'à grand-peine à le lâcher (parfois, je suis ravie que mon ordi professionnel soit si long à démarrer), je me suis dit que c'était l'occasion pour en parler.

The Black Jewels Trilogy était la première série dans cet univers flamboyant et sombre, où une caste à part, le Sang (« the Blood »), est organisée autour des Reines, le cœur et l’âme de leur monde et de leur magie. C’est une danse complexe entre ces femmes et le cercle des mâles qui les servent ; impétueux, instinctifs, dangereux, seule une main ferme et douce peut les gérer, et seules les Reines en sont capables. Mais au début de l’histoire, les règles qui régissent normalement cette société ont été bouleversées par Dorothea SaDiablo, la Grande Prêtresse qui contrôle désormais le Royaume de Tereille par la force et la peur. Et seule Witch, le mythe vivant, les rêves faits chair, pourra s’opposer à elle ; pas de bol, Witch est une enfant, et il peut lui en arriver des malheurs, avant qu’elle ne puisse enfin accomplir son destin.

A froid, je dois bien admettre que « destin », « prophétie », tous ces mots ont tendance à me hérisser un peu, à force de les voir retournés dans tous les sens par d’innombrables auteurs de fantasy. J’ai attaqué la série avec un peu d’appréhension. Mais cela m’est vite passé. Anne Bishop a construit un monde fascinant, une société régie par des règles originales, et surtout des personnages. Daemon, Saetan et Lucivar, le triangle d’hommes qui entoure Witch, puissants et sensuels mais à la limite de l’incontrôlable, capables de tuer sans y réfléchir à deux fois quiconque est perçu comme une menace pour leur Reine. Jaenelle Angelline, Witch elle-même, tantôt enfant vulnérable et tantôt autre chose. Surreal, ancienne prostituée et assassin, insolente et décontractée. Et puis, dans les romans suivants, Cassidy, dont la faible magie et l’apparence banale dissimulent des trésors de générosité qui font d’elle une bien meilleure Reine qu’une autre plus puissante. Theran Grayhaven, celui qui veut sauver son peuple mais se laisse peu à peu entraîner dans les dérives qui l’ont détruit au départ.

Il y a des méchants, mais ils ont des vraies motivations. Ils ne se voient pas comme des méchants d’ailleurs, ils pensent sincèrement faire ce qui est le mieux pour tout le monde. Il y a des gentils, mais il ne faut pas trop les chercher non plus ; le pragmatisme reprend vite le dessus sur les bonnes intentions. Il y a des héros surpuissants et pour ainsi dire invincibles – mais dont la vulnérabilité est parfois surprenante. Il y a des prophéties et des destins, mais ça ne finit pas comme on l’avait attendu. Bref, on ne s’ennuie pas une seule seconde.


Et Shalador’s Lady, que je suis en train de dévorer, ne fait pas exception. J’ai beau savoir que ça finira bien, je ne peux pas le lâcher. Et c’est toujours autant un plaisir que de se perdre dans ce monde-là. C’est là une de mes séries préférées en fantasy – pour ne pas dire ma préférée.