Si je ne devais lire que des livres jamais lu auparavant, cela finirait par me coûter très cher. Et une des raisons pour lesquelles je refuse d'emprunter mes livres à la bibliothèque ou de les revendre après lecture, c'est justement pour pouvoir, plusieurs années après parfois, les relire. On ne se rend pas compte à quel point on oublie, quand on lit beaucoup, des pans entiers d'ouvrages pourtant dévorés avec un plaisir immense.
Cela est d'autant plus vrai quand on a lu l'ouvrage en français la première fois et qu'on le relit dans sa langue d'origine. En ce qui concerne celui-ci, The Lions of Al-Rassan, de Guy Gavriel Kay, j'avais le souvenir diffus que c'était un des meilleurs livres que j'avais jamais lus, et pourtant j'étais bien incapable de me souvenir de la plupart des éléments de l'intrigue. Ce qui était finalement une bonne chose ; c'est le genre d'ouvrage dont la découverte offre des moments fantastiques, et j'ai la chance de l'avoir pour ainsi dire découvert deux fois.
Guy Gavriel Kay est un auteur assez peu prolifique, mais la contrepartie de cela est que chacun de ses ouvrages est un petit bijou de poésie. Basés pour la plupart sur des époques réelles de notre histoire revisitées à la sauce fantasy, ses romans mettent en scène des personnages d'exception et des évènements à grande échelle.
The Lions of Al-Rassan se passe dans la péninsule d'Esperaña, où deux peuples, deux religions, les Jaddites et les Asharites, se partagent le territoire. Tandis que les Jaddites reconstruisent leur force et que le royaume d'Al-Rassan des Asharites se divise faute d'un leader fort et incontesté, le roman suit trois personnages. Ammar ibn Khairan est un conseiller du roi des Asharites, Rodrigo Belmonte le meilleur capitaine des Jaddites, et Jehane bet Ishak, une médecin Kindath, membre d'un peuple regardé avec méfiance par tous les autres. Ces trois protagonistes, chacun représentant d'une loyauté et d'une religion, se croisent et se reconnaissent.
Entre Ammar et Rodrigo, c'est une amitié empreinte de tristesse qui se noue, chacun des deux hommes concevant une grande admiration pour l'autre, alors qu'ils savent tous deux que leur immense loyauté à leur peuple et leur culture les amènera, un jour ou l'autre, à s'opposer. Le troisième côté de leur triangle, Jehane, représente aussi un peuple que leurs deux religions considèrent comme impur. Alors que les courant politiques et religieux se nouent dans cette péninsule qui rappelle clairement l'Espagne du Moyen-Âge et que les armées se mettent en branle, ce sont ces trois personnages et leurs relations qui vont, d'une certaine manière, définir l'issue de la guerre.
Je ne peux pas trop conseiller ce livre. Le talent de Kay comme conteur n'est plus à démontrer, et il est à son sommet ici. Pour l'instant, il n'a pas fait mieux en ce qui me concerne (ce qui ne diminue pas la qualité de ses autres ouvrages pour autant). Et surtout, si vous le pouvez, lisez-le en V.O. La traduction est bonne mais... ce n'est jamais pareil.
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